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Égalité hommes-femmes au travail : que reste-t-il à faire ?

| 13 octobre 2016
Égalité hommes-femmes au travail : que reste-t-il à faire ?

Régulièrement au cœur de notre vie professionnelle, nous sommes encore confronté(e)s à des situations d'inégalité entre hommes et femmes. Le principal frein ? Les préjugés. Aussi solidement portés par les hommes que par les femmes, les préjugés justifient (malgré eux) les inégalités face à l’embauche et les différences de salaires. Et quand la vie de famille s’immisce dans les carrières, ce sont souvent les femmes qui en font les frais malgré le soutien de la gent masculine. Pour y voir plus clair, voici quelques pistes pour avancer durablement vers la parité.

 

En finir avec les préjugés

Selon le CSEP, 80 % des femmes salariées sont régulièrement confrontées à des attitudes ou à des décisions sexistes. Ce type de comportement peut être assorti de propos misogynes. Dans un article de Libération du 10 février 2016, on peut lire des propos rapportés d’un consultant : « En tant que femme on s’attend à ce que vous ayez un minimum de sens artistique ! » Ou encore le témoignage d’une chargée de production qui s’est entendue dire : « Bon, vous, si je vous ai choisie, c’est surtout parce que vous êtes grande, blonde, plutôt mignonne. Ça passe bien quand on va chez le client ». Ce sont, en fait, les préjugés qui troublent le bon sens, et de ce côté là, hommes et femmes sont à égalité.

 

Selon l’OIT, pour 69 % des femmes du secteur public et 77 % du privé, certains métiers s'adressent plus naturellement aux hommes. Un avis partagé par « seulement » 61 % des hommes du secteur public et 71 % du privé. Parmi les 18-24 ans, plus de 80 % estiment qu’il existe des métiers qui s’adressent naturellement plus aux hommes ou aux femmes. Ces stéréotypes alimentent l'autocensure des femmes, et entretiennent une double ségrégation professionnelle, à la fois horizontale et verticale. Les jeunes s’orientent donc « naturellement » vers des métiers qui leur semblent appropriés renforçant ainsi le fameux plafond de verre. Celui-ci dresse les barrières qui excluent les femmes des niveaux hiérarchiques les plus élevés et les plus stratégiques, en entreprise.

 

En France, 72 % des créations d’entreprises sont issues des hommes, et aucune femme n’occupe la présidence d’une société cotée en bourse.

Les Chiffres-clés 2016 vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes,
Ministère des Famille, de l’Enfance et des Droits des Femmes

 

 

Rétablir les écarts de salaire

Dans ce contexte où les femmes se trouvent plus souvent que les hommes au bas de l’échelle des responsabilités, on comprend aisément les différences de salaires. Les femmes privilégient aussi le temps partiel ; c’est le cas, pour 42,8 % d’entre elles en 2014, qui vivent en couple avec 3 enfants ou plus.

 

Mais, nous constatons néanmoins, que tous temps de travail confondus, les hommes gagnent 23,5 % de plus que les femmes.

Observatoire des inégalités

 

Cela reflète à la fois des écarts de salaire au sein de chaque famille professionnelle, mais aussi d’importantes différences de salaires entre métiers.

 

Accepter la maternité

En 2015, le taux de fécondité est de 1,96 par femme pour un âge moyen de 30 ans. Grossesse et maternité pèsent lourd à l’embauche et dans la vie professionnelle d’une femme, alors que sa carrière est en pleine ascension. Le retour d’un congé de maternité est parfois difficile. Ce sont avant tout les supérieurs hiérarchiques qui sont identifiés par les femmes comme les auteurs des discriminations (48 % dans le privé et dans le public).

 

Plus d’un tiers des actifs a déjà été le témoin du ralentissement de carrière professionnelle d’une femme parce qu’elle avait des enfants.

Organisation Internationale du Travail

 

Promouvoir le soutien des hommes

Les hommes sont sensibles aux discriminations dont sont victimes les femmes. Les actifs masculins déclarent quasiment dans les mêmes proportions que les femmes s'être sentis mal à l'aise à cause de plaisanteries à connotation sexuelle ou de propos sexistes.

D’ailleurs, Nicholas Ferroni, activiste et professeur d’histoire au lycée Union High School du New Jersey, a fait comprendre à ses élèves l’importance de la parité. En effet, il a réuni plusieurs lycéens (dont 80 % de jeunes filles) dans une salle de classe en leur faisant croire qu’ils allaient voter pour la nouvelle politique de leur lycée. Il n’a proposé que des lois favorables aux filles, comme une réduction de 21 % à la cantine pour les filles uniquement ou encore un déplacement des casiers des garçons au dernier étage de l’établissement. Toutes les filles ont voté pour ces mesures. Lorsque les garçons ont protesté contre l’écrasante majorité, et dénoncé l’injustice de ces votes, le professeur a déclaré :

Je veux que vous sachiez qu’actuellement au Congrès, où les lois de notre pays sont votées, 80 % des hommes disent aux femmes ce qu’elles doivent faire. Ces femmes peuvent très bien être vos mères, vos soeurs, vos cousines, vos petites-amies, etc.

 

Appliquer la loi

Désormais, depuis l’été 2015, un amendement à la loi Rebsamen stipule que « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ».

Quelques freins culturels pèsent donc malgré le soutien d’une grande partie de l’opinion publique, et une volonté politique affirmée. À l’image de l’Islande, premier pays sur l’égalité des genres, leurs idées innovantes pourraient être proposées en France, comme un congé parental découpé de la manière suivante : 3 mois pour la mère, 3 mois pour le père, et 3 mois à se partager. Si le père ne prend pas les 3 mois de son congé paternité, aucun des deux parents ne peut prendre les 3 derniers mois. Ceci afin que l’enfant passe du temps avec ses deux parents, mais aussi pour permettre aux femmes de construire sa carrière sans préjudices et d’accéder aux postes à responsabilité avec les mêmes chances qu’un homme.

Et si le vrai progrès social passait par là ?

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