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Motiver quand on est jardinier à Versailles

| 7 septembre 2017
Motiver quand on est jardinier à Versailles

Classé monument historique et jardin remarquable, le Potager du roi est un petit joyau qui prospère tranquillement dans l’ombre du château de Versailles. Commandé par Louis XIV et créé par La Quintinie entre 1678 et 1683, ce potager fournissait la table du roi et de sa cour en fruits et légumes. Ouvert au public, il est aussi le sujet d’étude de l'École Nationale Supérieure de Paysage. Ce fleuron de l’agronomie française est dirigé par Antoine Jacobsohn, un américain qui n’avait jamais rêvé de cultiver des terres aristocrates. Passionné par l’histoire de la production et de la consommation de fruits et légumes, ses compétences lui ont valu ce poste qu’il cultive avec passion depuis 10 ans.

 

En quoi la motivation est-elle importante pour vous ?

Je ne suis pas motivé, je suis obsédé par une chose : manger ! Qu’est-ce qu’on mange ? Comment et pourquoi ? D’où vient tel ou tel fruit ? Saviez-vous par exemple que les fraises que l’on mange avec une telle évidence aujourd’hui, n'existent telles qu'on les connaît que depuis seulement moins d’un siècle ?

Mon travail consiste à faire vivre ce lieu historique et à l’accompagner pour qu’il perdure encore et encore. C’est un challenge intéressant. Nous accueillons toute l’année entre 30 000 et 50 000 visiteurs. Les curieux, les consommateurs, les jardiniers du monde entier, ainsi que les étudiants passionnés de l’École Nationale Supérieure de Paysage viennent apprendre et découvrir. Nous avons la chance d’avoir ces échanges permanents qui valorisent notre travail.

Ce lieu est beau et agréable, mais c’est surtout une encyclopédie vivante de l’histoire de la gastronomie française !

 

Nous avons cherché des synergies d’équipe avec des rôles mieux définis
et moins génériques.

 

Quand vous êtes arrivé, il y a eu une baisse d’effectifs pour la même charge de travail, comment avez-vous réussi à garder votre équipe motivée ?

En 2006 – 2007, nous avons subi une baisse d’environ un tiers du budget salaire et un tiers du budget fonctionnement. Il a fallu revoir la répartition des tâches. Avant, tout était organisé par discipline, la chair des fruitiers, la chair des fleurs, etc. avec un responsable pour chacune. Depuis, j’ai augmenté la polyvalence générale tout en cherchant une spécialisation individuelle accrue. Les attributions sont dorénavant plus transversales comme la préparation de la terre, la taille ou les semis, ce qui implique un travail collectif plus évident. Nous avons cherché des synergies d’équipe avec des rôles mieux définis et moins génériques et ça marche très bien !

Dans mon équipe, j’ai 9 jardiniers et 4 responsables de service (événements, visites, régie et librairie). Ils viennent avec leur programme, ils savent ce qu’ils ont à faire. Je les encadre, je coordonne, je prépare les priorités. Nous faisons une réunion hebdomadaire chaque vendredi matin à 10 H. Je mets les problématiques dans leur tête avant le week-end et le lundi, ils arrivent avec leurs solutions.

 

Potager du roi, Versailles. © Région Île-de-France

 

Qu’avez-vous appris de vos erreurs ?

J’ai appris deux choses en ce qui concerne les erreurs. D’une part, avec de la patience et de l’obstination, même les erreurs deviennent des opportunités. Et d’autre part, il faut être souple et accepter de refaire les mêmes erreurs.

Nous travaillons une matière vivante, la terre, soumise aux saisons et aux intempéries. Nous devons nous adapter. L’hiver, c’est plus calme bien que nous faisons tout ce que nous n’avons pas eu le temps de faire l’été.

 

Nous avons besoin les uns des autres, que ce soit dans un potager, un avion ou une entreprise. Si nous avons conscience de cela, alors, nous ne dirigeons plus, nous accompagnons nos équipes.

 

Quels conseils donneriez-vous à un manager soucieux de motiver son équipe ?

Je privilégie le respect de mes convictions. Je prends mes décisions en pensant à la santé des jardiniers, des consommateurs, des traditions, et je fais tout pour que mes successeurs puissent travailler dans les meilleures conditions.

Je pense qu’il faut être en phase avec ses propres principes. Pour y arriver, le seul moyen est collectif. Nous avons besoin les uns des autres, que ce soit dans un potager, un avion ou une entreprise. Si nous avons conscience de cela, alors, nous ne dirigeons plus, nous accompagnons nos équipes.

 

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