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Travail de nuit : quel plan d’actions QVT ?

Qualité de vie au travail | 12 novembre 2018
Travail de nuit : quel plan d’actions QVT ?

Le travail de nuit, quel que soit le domaine d’activité exercé, relève toujours d’un suivi et d’une attention particulière en raison des perturbations physiologiques et/ou psychologiques qu’il est susceptible d’entraîner chez un individu. Médecin du travail au SEST – Services aux Entreprises pour la Santé au Travail – le Docteur Martine Israël suit depuis plusieurs années la population des aides-soignants travaillant de nuit en établissements médico-sociaux, comme les EHPAD ou les cliniques. Selon elle, pour tenir dans la durée, l’hygiène de vie, au travail comme durant la journée, doit être irréprochable.

Quelle est la définition du travail de nuit ?

Selon la législation en vigueur, le recours au travail de nuit doit toujours être exceptionnel et justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Il commence au plus tôt à 21h et s’achève au plus tard à 7h du matin. Une fois ce cadre posé, il faut distinguer les activités exercées et comprendre que les effets sur la santé seront différents selon le contexte pour une même population de travailleurs. Par exemple, on ne peut pas comparer le travail de nuit d’un aide-soignant aux urgences avec celui d’un aide-soignant en EHPAD.

Il ne s’agit pas non plus d’affirmer que c’est plus difficile pour les uns que pour les autres. Le travail de nuit venant perturber le rythme circadien – rythme biologique d’une durée de 24 heures environ – il présentera toujours des risques pour la santé du travailleur, quel que soit le contexte. Enfin, dernier point commun : sauf cas très exceptionnel, il s’agit toujours d’un choix de vie volontaire de la part du travailleur. Pour répondre à des besoins économiques, le travail étant mieux rémunéré, ou des raisons sociales, comme pouvoir être présent pour ses enfants en journée, par exemple.

 

À quels risques s’expose l’aide-soignant travaillant la nuit en EHPAD ?

Un des risques majeurs est l’accident dû à des phases de somnolence. La situation la plus critique étant le moment où l’aide-soignant quitte son travail pour rentrer chez lui en voiture. Même avec des années d’expérience derrière lui, le travailleur de nuit devra toujours lutter pour ne pas s’endormir au travail. L’une de ses meilleures armes pour y parvenir est une très bonne hygiène de vie. De jour comme de nuit.

On peut également constater d’autres risques. En effet, pour lutter contre le sommeil, le fumeur aura tendance à augmenter sa consommation de cigarettes. D’autres se réfugieront dans la nourriture et l’on peut noter une tendance accrue au grignotage à l’origine de problèmes d’ordre digestif : prise de poids, diabète de type 2, dyspepsie…

 

Le travail de nuit peut-il exacerber le risque d’autres maladies ?

Tout à fait, comme la dépression ou des troubles de l’humeur dus à de l’épuisement et une insuffisance de sommeil. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) augmentent également : le travail de nuit occasionne une baisse de vigilance et l’apparition de mauvaises postures durant les soins des patients. Récemment, différentes études révèlent qu’il pourrait également exister un lien entre travail de nuit et augmentation du nombre de cancer du sein. À ce titre, d’importantes campagnes de prévention et d’information doivent être réalisées auprès du personnel féminin afin de les sensibiliser à ce risque et de les inciter à un suivi gynécologique très régulier.

 

Que préconisez-vous pour une meilleure qualité de vie au travail de nuit ?

Le suivi régulier de cette population est essentiel. La législation en la matière a évolué au 1er janvier 2018. La visite médicale individuelle obligatoire est passée d’une fois tous les 6 mois à une fois tous les 3 ans. La volonté du gouvernement étant de privilégier les actions de prévention collective plutôt que les rendez-vous individuels. Cependant, il est assez difficile de mettre en place des ateliers et/ou campagnes de prévention durant la nuit. Le personnel de nuit est souvent en effectif réduit, avec une charge de travail importante, ce qui ne lui laisse pas de temps pour assister à ce type de sensibilisation. Toutefois, si des ateliers étaient organisés en journée, ils devraient être comptés comme du temps de travail, et ne pas amputer un temps de récupération si précieux. La qualité du dialogue avec la direction est donc essentielle pour la mise en place de formats variés des messages de prévention : ateliers, conférences, lettre d’information, plaquettes, flyers…

 

Quelles sont les grandes règles à suivre en matière de prévention ?

Le travail isolé n’est pas recommandé pour un travailleur de nuit, en effet, les risques d’accident peuvent être majorés (pas de signalement immédiat). Par ailleurs, il est nécessaire d’insister sur les conseils d’hygiène de vie et de sommeil (ne pas grignoter entre les repas, pratiquer une activité physique, limiter l’exposition à la lumière en fin de service, respecter un rituel de coucher…), afin de prévenir la survenue de pathologies et permettre l’exercice de l’activité dans de bonnes conditions.

Il faut également veiller à ce que les jours de récupération soient effectivement pris. Il est recommandé aux femmes enceintes de travailler de jour durant leur grossesse. Enfin, il faut être très vigilant et savoir déceler précocement les signes d’usure et de fatigue (attention aussi au cumul d’emplois). Le travail de nuit répond souvent à des besoins économiques, il n’en demeure pas moins que la préservation de la santé de ces travailleurs reste un enjeu majeur de prévention.

Le rôle du médecin du travail est donc fondamental dans le dépistage de situations potentiellement à risque pour la santé de ces salariés.

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